lucien.bitaux(at)gmail.com
Curriculum Vitæ
Portfolio
Diplômé du Fresnoy en 2022 et de l'École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris (Ensad) en 2018, Lucien Bitaux a initié la Scoposcopie, une discipline cherchant à représenter les dimensions imperceptibles. Après avoir suivi un diplôme d'un an Comprendre et explorer l'univers à l'Observatoire de Paris, il poursuit son travail sur le visible lors d'une résidence à la Cité internationale des Arts à Paris et au Fresnoy, studio national des arts contemporains à Tourcoing. Il y réalise deux projets :
Les liminaux, métamorphose de l'être en sa vision suivie par Valérie Jouve et
Nadir - Picture Elements Explorer accompagné par Justine Émard. Naïvement, il cherche d'autres moyens de capter et de montrer le réel. Cette démarche expérimentale s'appuie sur la fabrication de ses propres instruments. Les appareils sont ainsi considérés comme le nœud entre le référent et son signifiant, entre un objet et son image.
Depuis 2020, Lucien travaille sur une thèse en création artistique intitulée « Les imageries exploratoires - une mise en regard des visualisations astronomiques et des expérimentations photographiques contemporaines » C'est dans ce contexte qu'il a effectué plusieurs résidences depuis 2021 : une avec le programme européen STARTS et le festival Kikk à Namur pour un travail entre arts et sciences, une autre avec les Ateliers Médicis, et une à la Fondation Vasarely. Il discute de ces sujets avec de nombreux artistes et scientifiques, tels que Joan Fontcuberta ou l'astrophysicien Jean-Philippe Uzan, ou Clément Thibault lors de séminaires et conférences, mais aussi dans le cadre du cours de Pratiques de l'image qu'il donne à l'Université de Lille aux étudiants en licence d'arts plastiques. Récemment, il a reçu le Prix Révélation Arts Numériques / Art Vidéo de l'ADAGP pour son installation
Nadir - Picture Elements Explorer.
Artiste membre de l’ADAGP. Toute utilisation des œuvres de Lucien Bitaux doit faire l’objet d’une demande d’autorisation préalable auprès de l’ADAGP.
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Texte de Joséphine Dupuy-Chavanat, commissaire d’exposition, septembre 2020 :
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Lucien Bitaux est un photographe-magicien. « La photographie est une sorte de magie – ou pour le dire autrement, la photographie produit des expériences cérébrales pour le regardeur qui sont équivalente à la magie »[1]. Au-delà de la nouvelle esthétique et du post internet chers aux photographes depuis les années 1990, Lucien est ancré dans le réel et dans la manipulation sensible de celui-ci. Il m’apprend le terme d’« acheiropoïete », une image qui ne serait pas réalisée par la main de l’homme. Cet aspect miraculeux de la photographie est le champ d’étude et d’expérimentation de Lucien. L’artiste est le maître d’œuvre d’un ensemble de dispositifs qu’il empreinte aux différents « -scopes » de la science : lensoscope, scoposcope, gyroscope… Tout est lié à ce que le regardeur a sous les yeux. Et ce que la machine photographique, avec ses lentilles, ses optiques, ses objectifs, permet de voir. Lucien Bitaux travaille sur la relativité de l’image à partir de ce qu’il appelle les « liminaux », c’est-à-dire « ce qui se trouve au seuil de la perception ». La peinture est composée d’huile ou de gouache étalées sur la toile, la sculpture constituée d’argile, de bois ou de bronze, la photographie quant à elle repose sur des lentilles invisibles, mais qui permettent de voir et de révéler une image. La magie dont parle finalement la commissaire d’exposition Charlotte Cotton reposerait sur cet aspect visible-invisible de la photographie.
Lucien Bitaux est un inventeur. Il a développé le perfogramme, « une technique d’enregistrement d’image incluse dans la matière, à la manière d’une diapositive, mais creusée », le laserographe, un outil hypnotisant aux « projections mouvantes qui forment de sortes d’aurores boréales en courbes de Bézier », ou encore les résonnances. Cette dernière est fascinante. Comprise dans une structure en aluminium et composée successivement de LED, d’un film polarisant, d’un plastique thermoformé et un second film polarisant inversé, les résonnances révèlent, lorsqu’on est face à elles, un paysage organique et flottant aux couleurs pétrole. Lucien joue sur ces effets d’optique en manipulant la lumière, la couleur et la matière pour créer une image iridescente que notre œil voit en relief.
Le projet en cours Les liminaux, la métamorphose de l’être en sa vision pousse Lucien Bitaux à aller toujours plus loin dans son procédé photographique. Il maîtrise étape par étape la réalisation de ses objectifs, les dispositifs de tirage numérique et argentique, et les modes de monstration des photographies. « L’objectif de ce projet, dit-il, est de représenter ce qui voit, le voyant ». Lucien a passé une semaine sur l’Île d’Ouessant muni d’une quarantaine de dispositifs optiques qu’il a lui-même fabriqué. Pour chaque prise de vue, l’artiste a installé devant l’appareil photo privé de son objectif initial ces lentilles découpées, moulées ou gravées. Lucien compose des combinaisons d’optiques placés à différentes distances et passe de longues heures à effectuer une minutieuse mise au point. Le résultat : un paysage altéré, renversé, désorienté. La succession des lentilles optiques dévoile une maison qui disparaît dans une sorte d’abstraction lumineuse, un rocher qui semble se fragmenter, une eau qui se trouble au contact de la roche… Au total, des dizaines de clichés que Lucien propose de tirer et de présenter de multiples manières : dans des boites lumineuses, tantôt tirés sur du papier clear (transparent) argentique, tantôt projetés sur d’autres photographies. Une dizaine de scènes photographiques cohabiteront dans l’espoir de proposer au visiteur des expériences visuelles inédites. Ouessant a la particularité d’accueillir 5 phares. Ce n’est peut-être pas un hasard, quand l’on sait, nous dit Lucien, que « le phare est en quelque sorte l’origine du visible et concurrence les astres dans la nuit ».
[1] Charlotte Cotton, Photography is magic, édition Aperture, 2015
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Les imageries exploratoires
— une mise en regard des visualisations astronomiques
et des pratiques photographiques expérimentales
En partant du constat qu’il existe des similitudes formelles entre les visualisations astronomiques et certaines pratiques photographiques expérimentales actuelles, cette thèse parcourt les façons de voir et percevoir contenues dans ce que nous nous proposons d’appeler les « imageries exploratoires ». Celles-ci, inscrites dans les domaines distincts de la science et de l’art, se rapprochent par leurs procédés de fabrication. Une symétrie voire une réversibilité s’installe entre les deux disciplines, dont il s’agit de définir le champ commun. Qu’elles proviennent de l’art ou de la science, les imageries dites exploratoires apparaissent suite à un acte de visualisation, mais sans que les formes qui les composent ne soient totalement maîtrisées ou connues d’avance. En ce sens, l’astronomie comme la photographie expérimentale découvrent des images qui sont à proprement parler des découvertes.
S’appuyant sur les notions d’habitabilité, de palpabilité et de minéralité des images, ce doctorat en création artistique interroge donc les processus d’apparition des incommensurabilités. De ces conversions en visibilités, un paradoxe naît, logé entre la finitude des images qui tiennent dans une main, et l’infinité des échelles macroscopiques et microscopiques qu’elles représentent. De telles visualisations nous permettent d’explorer des formes ou des éléments sans pour autant les avoir vus. Autrement dit, elles apparaissent tout en faisant apparaître. Cette ambivalence structure le travail de la thèse aussi bien dans sa part écrite que dans le projet plastique. L’installation artistique qui accompagne la recherche théorique vise à manipuler et produire de telles imageries en se construisant sur le modèle de l’observatoire astronomique, déplacé au champ de la création. L’étude s’inscrit ainsi à la croisée des arts, des sciences et de la phénoménologie pour prendre du recul sur la représentativité des images des dimensions imperceptibles, sur leur relation à l’objectivité, et surtout sur leur interaction avec l’acte de voir lui-même.
Présentation du projet de thèse